De la société traditionnelle marquée par le sous-développement, à la société de consommation de masse, W .W.Rostow décrit les cinq grandes étapes de la croissance économique.
A considérer le degré de développement de l’économie, on peut dire que toutes les sociétés qu’elles passent par l’une des cinq phases suivantes : la société traditionnelle , les conditions préalables au démarrage, le démarrage, la marche vers la maturité, l'ère de la consommation.
I – Société traditionnelle :
C’est celle dont la structure est déterminée par des fonctions de production limitée, fondées sur la science et technologie prénewtoniennes. La productivité n’a pu dépasser un niveau déterminé parce que la société ignorait la science moderne, ses applications et ses modes de pensée. Etant donné les limites imposées à la productivité, ces sociétés ont dû consacrer une proportion très élevée de leurs ressources à l’agriculture, et leur civilisation agricole. Les liens de famille et de clan jouaient un rôle important dans l’organisation sociale.
Au niveau politique, le centre de gravité du pouvoir politique se trouvait généralement entre les mains de ceux qui possédaient la terre ou l’avaient soumise à leur autorité.
D’une façon générale, ces sociétés se caractérisent par un poids très important de l’agriculture ; l’absence de croissance durable, par une population, dans la majorité, vit à la compagne de l’agriculture. Son niveau de vie s’est relevée ou abaissé non seulement en fonction des récoltes, mais aussi selon la fréquence de la guerre ou des épidémies de peste.
II-les conditions préalables au démarrage :
La seconde étape de la croissance est celle où se trouvent les sociétés en voie de transition lorsqu’elles créent les conditions préalables au démarrage.
Les conditions préalables au démarrage ont commencé à se créer de façon indiscutable en Europe occidentale, à la fin du XVII siècle et au début du XVIII siècle, avec les conquêtes de la science moderne qui donnaient naissance à des nouvelles fonctions de production tant dans l’agriculture que dans l’industrie. En générale, les conditions préalables au démarrage sont d’ordre :
-Scientifique : la conquête de la science moderne
-Entrepreneuriale : de nouveau types d’hommes animés de l’esprit d’Enterprise apparaissent, dans le secteur privé, dans les affaires publiques, décidés à mobiliser l’épargne et à prendre des risques pour obtenir des profits ou moderniser le pays.
-La création des banques et d’autres institutions d’épargne.
-Augmentation d’investissement, notamment dans les transports, les communications et les matières premières qui peuvent présenter un intérêt économique pour d’autres nations.
-Elargissement du contenu et du domaine du commerce externe et intérieur.
-Apparition de nouvelles industries de transformation qui utilisent les nouveaux procédés.
-Politique : édification d’un Etat national centralisé et efficace.
-L’adaptation de l’instruction aux besoins de l’activité économique moderne.
III-le démarrage :
Le démarrage est la période pendant laquelle la société finit par renverser les obstacles et les barrages qui s’opposaient à sa croissance régulière. Durant cette période, le taux de l’investissement et de l’épargne réels peut passer de 5 % du revenu national à 10 % ou plus, les industries nouvelles se développent rapidement ; elles rapportent des bénéfices dont elles réinvestissent une proportion importante dans de nouvelles installation, parce qu’elles ont besoin d’une main-d’œuvre toujours plus nombreuses ; elles encouragent le développement des services qui leur sont nécessaires ; elles accroissent la demande d’autres biens manufacturés et provoquent de ce fait une nouvelle expansion des zones urbaines et des autres industries modernes. De la nouvelle classe d’entrepreneurs s’élargit, dirige l’orientation des investissements important qui affluent dans le secteur privé. De nouvelles techniques se répandent dans l’agriculture aussi bien que dans l’industrie, à mesure que l’agriculture se commercialise et les exploitants sont plus nombreux à accepter les nouvelles méthodes et les modifications profondes qu’elles apportent à leur mode de vie. La productivité agricole se modifie de façon radicale pour devenir capable de nourrir une population croissante
IV – la marche vers la maturité :
Le démarrage est suivi d’une longue période de progrès soutenu, sinon constant, à mesure que l’économie, qui désormais se développe à une cadence régulière, s’efforce d’appliquer la technologie moderne à chacun de ses secteurs. Les investissements représentent régulièrement de 10 à 20 % du revenu national. Les industries nouvelles accélèrent leur développement, les industries anciennes plafonnent. L’économie finit par trouver sa place dans l’économie internationale : le pays produit les biens qu’il importait autrefois ; de nouveaux besoins d’importation se manifestent, et de nouveaux produits apparaissent parmi les exportations pour équilibrer les échanges.
Du point de vue formel, on peut définir la maturité comme l’étape au cours de laquelle l’économie prouve qu’elle est en mesure d’aller au-delà des industries qui l’ont fait démarrer à l’origine.
V- l’Ere de la consommation de masse
Nous en venons maintenant à l’ère de la consommation de masse, où la production de biens de consommation durables et les services deviennent progressivement les principaux secteurs de l’économie.
Au moment où les sociétés atteignirent la maturité au cours du XXème siècle, deux phénomènes se sont produits : le revenu réel par habitant s’est élevé à un niveau tel que de nombreux individus ont pu régulièrement disposer de biens et de services dépassant les besoins alimentaires, de logement et de vêtements indispensable. Quant à la composition de la main d'oeuvre, elle s'est modifiée de façon telle que non seulement la proportion de la population urbaine dans la population totale s'est accrue, mais aussi la proportion de la population des employés de bureau et des ouvriers qualifiés -celle qui apprécie les biens de consommation que leur offre l'économie parvenue à la maturité, et qui est impatiente de les acquérir.
C'est durant cette phase qu'on remarque l’apparition de l’Etat providence dans les sociétés qui franchisent l’étape de la maturité technique et qui affectent une plus grande part de ses ressources à la prévoyance et à la sécurité sociale et à la production des biens de consommation durable et à la diffusion massive des services